«L’astronomie reste une source d’inspiration pour l’horlogerie»

INTERVIEW – Alors qu’une exposition intitulée Horlogerie, fille de l’astronomie se tiendra pendant le SIHH, François Meyer, de l’observatoire de Besançon, revient sur les liens entre ces deux disciplines.

Durant le SIHH à ­Genève, la Fondation de la haute horlogerie organise une ­exposition dans l’enceinte du salon, retraçant l’histoire commune entre la mesure du temps et l’observation des planètes. Instruments de mesure, planisphères, chronomètres et garde-temps anciens illustrent cette proximité. Alors que le pavillon de la méridienne de l’observatoire de Besançon vient d’être restauré, François Meyer, responsable du service de chronométrie, explique l’objectif de cette rénovation et parle des relations entre astronomes et horlogers, hier et aujourd’hui.

LE FIGARO. – Pourquoi la méridienne de l’observatoire de Besançon, classée monument historique, vient-elle d’être restaurée?

François MEYER. – Cette rénovation était motivée par la volonté de relancer l’activité horlogère à Besançon, et notamment l’activité de l’observatoire via son certificat de chronométrie – qui a été prestigieux jusque dans les années 1970 mais n’a pas survécu à l’arrivée du quartz. Cette garantie de précision, indépendante, a été relancée en 2007 comme une alternative à ce qui existe en Suisse.

En 2014, dans un observatoire comme celui de Besançon, les astronomes continuent-ils d’observer les étoiles?

La lunette de la méridienne, qui date de la fin du XIXe siècle, est fonctionnelle mais ne sert plus. Depuis 1967, ce bel objet a été remplacé par les horloges atomiques. Il a continué à servir pour réaliser des catalogues d’étoiles jusque dans les années 1980. Mais, aujourd’hui, les astronomes de ­Besançon, comme tous leurs homologues à travers le monde, partent sous des cieux plus favorables pour observer les étoiles, comme à Hawaï ou au Chili.

L’horlogerie et l’astronomie ont-elles toujours des intérêts communs?

Le perfectionnement des montres et des horloges, jusqu’au début du XXe siècle, est basé sur des découvertes astronomiques. Mais je dirais que ce sont plutôt les besoins de la société, comme l’organisation du travail, l’arrivée du chemin de fer, l’industrialisation, etc., qui ont motivé les progrès de l’horlogerie. L’astronomie a permis des avancées dans la mesure du temps, mais ces deux disciplines ont suivi des routes très divergentes depuis un siècle. Les besoins de précision des horlogers se sont plus ou moins arrêtés au 1/10 de seconde, quand ceux des ingénieurs ont atteint une exactitude infiniment plus élevée – comptant seize zéros après la virgule. Mais, avec les calendriers perpétuels, les affichages de phases de lune, entre autres, l’astronomie reste une source d’inspiration pour l’horlogerie. En outre, la rotation de la Terre – qui était l’horloge de référence jusqu’en 1967, avant l’horloge atomique – prime toujours sur la stabilité immuable du temps atomique. En effet, une seconde est ajoutée tous les deux ans environ, car la Terre ralentit naturellement.

Source: http://www.lefigaro.fr/

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